Narbonne : reprise des fouilles au port antique

En 2010, une équipe de recherche dirigée par Corinne Sanchez, chargée de recherche CNRS au laboratoire Archéologie des Sociétés méditerranéennes a mené des fouilles sur les sites de Port-la-Nautique et du Castelou près de Narbonne.

Fouilles Narbonne

Ces fouilles ont permis de mettre à jour, au milieu des marécages, des structures portuaires jusque là recouvertes de sédiments. Ces découvertes confirment l’importance du port antique de Narbonne, considéré comme l’un des plus grands ports de l’Antiquité et montrent la volonté des Narbonnais de pérenniser une activité commerciale régulière.

Fouilles Narbonne
Prélèvement du tronc en bois ayant pu servir de soubassement à une machine élévatrice. © C. Rivals.

Considéré comme le deuxième port de l’empire romain en Occident après Ostie (Rome), le port antique de Narbonne fascine les archéologues depuis de nombreuses années. Afin de mettre en valeur les vestiges de la Capitale de la Gaule Narbonnaise, une équipe pluridisciplinaire de recherche a été mise en place dans le cadre d’un partenariat de quatre ans signé entre le CNRS, la région Languedoc-Roussillon (principaux financeurs de ce programme de recherche évalué à 2.6M€), l’Université Montpellier 3, l’Inrap, le ministère de la culture (DRAC et DRASSM) et une convention avec le Conservatoire du Littoral, propriétaire du site de recherche, en particulier celui du Castelou.

Les fouilles conduites en 2010 sur les sites de Port-la-Nautique et du Castelou (Narbonne), situés autour des étangs narbonnais, ont révélé la présence de grands entrepôts de stockage pour le vin mais également l’exploitation industrielle des coquillages. Un atelier de potier permettait la production de vases de conditionnement. Sur le site du Castelou deux jetées parallèles ont été mises au jour et, malgré les aléas de l’ensablement et des débordements du fleuve, ont été entretenues du IIe au Ve siècle de notre ère. L’une d’entre elle a été suivie sur 2,5 km. Vers le nord, elle devait permettre l’acheminement terrestre des marchandises vers Narbonne ; au sud, les fouilles ont révélé la présence d’importants aménagements
de berge et de probables appontements en bois ainsi que des mâts de charge.

En 2011, les fouilles ont continué dans ces deux zones mais également à l’entrée des étangs, sur l’île Saint-Martin à Gruissan. À Port-la-Nautique, une dépression circulaire de 80 m de diamètre reconnue par photographies aériennes a été explorée. Appelée le « Lac de Capelle », les fouilles de ce bassin se sont attachées à définir sa fonction.

Fouilles Narbonne
Blocs de corniche appartenant à un probable temple de Narbonne réutilisés pour le bas-côté de la chaussée. © C. Sanchez, CNRS.

Sur le site du Castelou, la reconnaissance des jetées s’est également poursuivie dans des secteurs humides où les aménagements en bois sont conservés : un batardeau aperçu en 2010 ainsi que des appontements ont été dégagés. Le caractère monumental de ces aménagements du Castelou, dont la mise en place était difficile dans ce milieu instable, témoigne de la grandeur du port de Narbonne. Des blocs de grandes dimensions constituent la berge d’un canal creusé dans la lagune. L’originalité de ce site repose sur les moyens mis en œuvre pour entretenir des accès aux bateaux.

Fouilles Narbonne
Reconstitution des principaux vestiges reconnus à Port-la-Nautique à Narbonne. À gauche, les grands entrepôts ; à droite, le « Lac de Capelle » qui sera fouillé en juillet 2011. © Patrice Cervellin, GRAL/CNRS.

Le site de l’île Saint-Martin a également fait l’objet d’investigations : sa situation à l’entrée des étangs, la présence d’un bâtiment constitué de pierres en grand appareil et la présence de tuiles estampillées au nom d’un commerçant narbonnais laissent supposer un rôle dans l’organisation portuaire. Durant l’antiquité, le commerce restait entre les mains d’entrepreneurs privés dont certains étaient installés à Narbonne.

Le projet de recherche sur les ports antiques de Narbonne s’attache donc à explorer les aménagement liés au fonctionnement d’un des plus grands ports romains de Méditerranée. Les interactions entre l’homme et le littoral au cours des deux derniers millénaires sont également étudiées grâce à une équipe pluridisciplinaire : outre les fouilles archéologiques, sont programmées des études paléoenvironemmentales ainsi que des prospections géophysiques et pédestres.

Fouilles Narbonne
Détail du début du dégagement d’un appontement en bois (essentiellement du chêne) sur le site du Grand Castélou à Narbonne. Grâce au fort recouvrement sédimentaire de cette zone humide, le bois à l’abri de l’air et de la lumière s’est conservé depuis 2000 ans. © C. Sanchez, CNRS

Nous apprenons via l’Indépendant que les fouilles vont se poursuivre cet été.

« Le Grand Castelou (avec la chaussée de Mandirac) fait partie des quatre points stratégiques de fouilles, avec La Nautique, l’île Saint-Martin et l’île Sainte-Lucie. Des fouilles appelées à se poursuivre. Corinne Sanchez confirme, avec une impatience non dissimulée : « Nous allons continuer le chantier de fouilles au Grand Castelou dès cet été. Et nous avons effectivement hâte d’y être. Vivement la suite ». Avec le secret espoir de tomber par exemple, sur un bateau avec sa cargaison en bon état de conservation ! »

Fouilles Narbonne
Sur le site de Saint-Martin, un des quatre points stratégiques des fouilles. © Ph. L.

Nous attendons également la suite avec impatience !

Sources : CNRS, l’Indépendant

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