Découverte d’un prieuré du XIe siècle à Palaja

L’Amicale laïque a fait une grande découverte à Palaja, un prieuré du XIe siècle ainsi qu’une vaste zone d’ensilage, à proximité du «pigeonnier». Voici l’article de la Dépêche du Midi relatant les faits en détails.

Prieuré XIe à Palaja
Photo DDM, Roger Garcia

Un prieuré, un axe de communication entre Carcassonne et Lagrasse, une vaste zone d’ensilage drainée… Ce que l’on croyait être un village médiéval était en fait un site religieux. Au début des fouilles préventives lancées avant la réalisation d’un bassin de rétention qui devrait enfin mettre Cazilhac à l’abri des inondations, l’occupation médiévale de ces lieux contigus au domaine de Cazaban, à Palaja, ne faisait aucun doute. Plusieurs découvertes permettent aujourd’hui d’affirmer qu’ici se dressait un petit monastère. «Nous avons la quasi-certitude d’avoir trouvé les bases d’un prieuré de 1049 dont la construction a été ordonnée par l’évêque de Carcassonne, expliquait hier Marie-Elise Gardel, sur le chantier où quatorze personnes de l’Amicale laïque travaillent et que l’archéologue supervise. On voit ici les murs d’un grand bâtiment de 22 m de long, indique-t-elle, un autre perpendiculaire, ainsi que des bâtiments annexes». Les murs d’1m, voire 1,20m de large, montrent que les bâtiments s’élevaient au-dessus d’un simple rez-de-chaussée.

Le prieuré s’étendait sur 5 000 m², avec un espace central – sans doute un cloître ou des galeries – au pied du «pigeonnier» actuel qui n’était autre qu’un clocher, servant de vigie propice à l’observation des allées et venues des charrois et des voyageurs. Ici, vivaient des chanoines observant la règle de Saint-Augustin. «Cette découverte est d’un grand intérêt scientifique, observe Marie-Elise Gardel. Un grand apport pour la connaissance de Carcassonne au XIe siècle, une période qu’on connaît moins bien que le XIIIe. Nous ne connaissons pas d’autres prieurés de ce type en Languedoc-Roussillon».

 

Conservation des traces

 

Le chantier éclaire aussi d’un jour nouveau deux aspects de l’histoire locale. Dans les strates de limons, dont la coupe permet de mesurer «l’épaisseur du temps», on observe une première tranche de 40 cm entre le XIIe et le XVIIIe siècle, puis une deuxième de même épaisseur du XVIIIe à nos jours, ce qui indique une intensification récente du rythme des inondations. Et puis l’absence de céramique vernissée, postérieure au XIe siècle, signifie sans doute une utilisation éphémère du site.

Que deviendront ces découvertes et ces vestiges ? «On ne poussera pas à la conservation», prévient Pierre-Arnaud de Labriffe, responsable audois du département archéologie de la DRAC. Un «deal» a en effet été passé avec l’Agglo : en échange du financement des fouilles, le projet de bassin d’orage se fera coûte que coûte. Reste à étudier la manière dont il faudra conserver la trace de ces fouilles : un lieu d’exposition à Palaja ? Des panneaux pédagogiques sur le sentier de randonnée ? C’est désormais aux élus de se fouiller.

 

Le chiffre : 2 000 000 d’euros de travaux

 

Le projet de bassin de rétention, pris en charge financièrement par l’Agglo, coûte 2 M€, dont 440000 € consacrés aux fouilles archéologiques.

«Cette découverte est d’un grand intérêt scientifique. Un grand apport pour la connaissance de Carcassonne au XIe siècle»

 

Carcassonne. Engloutis sous le bassin de rétention

 

Cette formidable découverte a été faite dans le cadre de fouilles lancées avant le début des travaux de construction d’un bassin de rétention. Un projet vieux de 10 ans, d’un coût de 2 M€, pris en charge par l’Agglo et des subventions obtenues par le Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières auprès de l’État et de l’Europe. En recevant puis en déversant les pluies d’orage grossissant le Palajanel au point que ce cours d’eau, la plupart du temps à sec, se déverse régulièrement sur une partie de Cazilhac, ce grand réservoir d’un million de m3 mettrait enfin la commune à l’abri des inondations. Les vestiges mis au jour disparaîtront sous la digue du bassin. Les travaux auront lieu au printemps prochain.

Jean-Louis Dubois-Chabert

 

Sources : La Dépêche du Midi

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